Les Républicains : Aurélien Pradié, numéro deux du parti, démis de ses fonctions après « ses prises de position répétées » sur la réforme des retraites
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Le chef du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, a annoncé samedi 18 février démettre de ses fonctions son numéro deux, Aurélien Pradié, ouvertement opposé à un pan de la réforme des retraites pourtant soutenue par LR. « Ses prises de positions répétées [n’étaient] plus conformes avec les valeurs de cohérence, d’unité et de rassemblement qui doivent guider la droite républicaine », a justifié le patron de LR dans un communiqué, dénonçant aussi une « aventure personnelle » qui « ne peut se substituer à l’action collective et à l’esprit de responsabilité ».
Dans toute la négociation sur les retraites, Aurélien Pradié a campé sur une ligne intransigeante, menaçant de ne pas voter la réforme alors même que la direction de LR semblait avoir conclu un accord avec le gouvernement. Le débat s’est cristallisé ces derniers jours sur les carrières longues, le député du Lot réclamant que personne n’ait à cotiser plus de quarante-trois ans pour partir à taux plein.
Une position reprise vendredi dans un amendement de son groupe, et même par Horizons, au point que les oppositions de gauche ont salué les prises de parole du député dans l’hémicycle. « Qu’il soit applaudi par la Nupes a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », explique-t-on dans l’entourage d’Eric Ciotti, également exaspéré par les atermoiements d’Aurélien Pradié sur un amendement dont il était pourtant cosignataire. « La mesure disciplinaire de Ciotti contre Pradié est d’un autre temps », a réagi la députée LFI Raquel Garrido sur Twitter.
Le président du parti, qui a pris sa décision vendredi soir après avoir sondé le groupe, a annoncé sa décision à Aurélien Pradié par SMS, n’ayant pu le joindre par téléphone. « Le seul sort qui compte, c’est celui des Français pour lesquels nous sommes engagés. Des convictions, ça se défend. Sans relâche », a affirmé M. Pradié samedi, dans un tweet publié quelques minutes après la parution du communiqué LR, mais sans lien avec les annonces.
Pas d’exclusion du parti, selon sa secrétaire générale
Les proches du sénateur Bruno Retailleau ne cachaient pas leur satisfaction. « On ne peut pas être dedans et dehors », a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) Othman Nasrou, premier secrétaire général délégué du parti, tandis que le sénateur Stéphane Le Rudulier saluait une « clarification idéologique qui réfute un pseudo-travaillisme socialo-occitan ». La semaine dernière, M. Retailleau avait estimé, dans Le Journal du dimanche (JDD), qu’Aurélien Pradié devrait quitter son poste s’il ne votait pas la réforme des retraites, comme il en agitait la menace.
Avec ses positions tranchées et sa parole parfois rugueuse, Aurélien Pradié exaspérait l’aile libérale et conservatrice du parti, notamment les sénateurs inquiets de voir chaque concession sur les retraites détricoter un texte très proche de leurs propres souhaits. Son omniprésence dans les médias a aussi irrité. « On ne pouvait pas continuer avec ce spectacle déplorable où des députés clowns ne cherchent qu’à faire des coups sans jamais travailler sur le fond », a affirmé à l’AFP l’eurodéputée Agnès Evren.
« Aurélien Pradié, c’est un collectif sur des valeurs », assure son collègue du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger, alors que le député du Lot défend une droite populaire se réclamant de Jacques Chirac. « Il a saturé les médias au mépris du collectif ! » rétorque, exaspéré, un cadre du parti, où certains le soupçonnent d’avoir voulu préempter le rapport de force avec Matignon – Aurélien Pradié a longuement été appelé par le cabinet d’Elisabeth Borne le week-end dernier.
Un cadre du parti salue un « acte d’autorité » envers le numéro deux, nommé à ce poste après avoir réuni 22 % des voix au premier tour de l’élection à la tête de LR en décembre. Il partageait ce fauteuil avec François-Xavier Bellamy, proche du sénateur Bruno Retailleau qui s’était, lui, hissé en finale de l’élection. Quant à une exclusion du parti, elle ne semble pas à l’ordre du jour. « Il n’est pas exclu de LR », assure la secrétaire générale Annie Genevard, pour qui Aurélien Pradié « partage les valeurs » du parti… mais pas le « sens du collectif ».
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